Laquelle de ces histoires vous captive le plus? 4
-
Texte 1 (0) 0%
-
Texte 2 (2) 50%
-
Texte 3 (1) 25%
-
Texte 4 (1) 25%
Thème: Pas de thème imposé, mais un incipit, une phrase imposée à placer au début. Il s'agit de : Rendez-vous à l'arrêt de bus ... (les points de suspension font partie de l'incipit
)
Objectif: Produire une Nouvelle (roman).
On va essayer de changer un peu, car ayant consommé de la poésie lors des dernières joutes. Par contre il n'y a aucun restriction sur le genre. Romantique, dramatique, policier, humoristique, ... couchez sur papier (euh ... écran ... ) le genre qui vous parle le mieux.
Taille: Le texte produit devra avoir entre 500-1000 mots. il est possible d'utiliser un éditeur de texte (comme Word pour s'aider dans le comptage des mots)
Délai : Vendredi le 18 Juillet 2020 à 18h (GMT+2)
Arbitre: RedAnts
Participants: _Lyli_ , Kytano_FR , Modours , Razorbak
______________________________________________________
Ayet Nous tenons nos textes pour cette joute.
Aux votants : Je souhaite que chaque votant laisse un petit mot pour éclairer les lecteurs sur les raisons de son choix. Il n'y a rien d'obligatoire dans cette demande, mais elle nous aide à comprendre ce que nous aimons en terme de lecture.
Voici les propositions des uns et des autres pour cette nouvelle joute
.
PS: Les textes sont à envoyer par message privé à l'arbitre.
----------------------------------
Ayet Nous tenons nos textes pour cette joute. Après que l'arbitre se soit trompé plusieurs fois de chemin.
Aux votants : Je souhaite que chaque votant laisse un petit mot pour éclairer les lecteurs sur les raisons de son choix. Il n'y a rien d'obligatoire dans cette demande, mais elle nous aide à comprendre ce que nous aimons en terme de lecture.
Voici ce que nous proposent les participants :
Ils s’étaient donnés rendez-vous à l’arrêt de bus …
Bientôt six ans qu’ils ne s’étaient pas vu et voici qu’aujourd’hui ils avaient choisi de se retrouver.
Tous deux avaient grandi dans la petite commune de Faux-la-Montagne et étaient devenus amis à l’âge de 6 ans, dès lors tous deux furent inséparables.Ils avaient passé toutes leur enfance à jouer ensemble dans le petit village, les courses à vélos, les pêches dans la Vienne et même les baignade dans le lac. Ils avaient tous deux étaient au collège à Eymoutiers, les premiers cigarettes cachés à la sortie du collège, les premières petites amourettes et les premières questions puis vint le lycée, encore ailleurs, à Felletin, les premières amourettes plus sérieuses, les premiers joins et la découverte de pensées plus extravagantes que celles de la campagne d’où ils venaient tous deux, les premières soirées entre amis, des rencontres fascinantes et des connaissances parfois jusque là insoupçonnées. Bien qu’ils rencontrèrent de nombreuses personnes et se lièrent d’amitié avec un certain nombre, ils restaient tous deux meilleurs amis, toujours ensemble à se soutenir, parler, jouer, ce lien si fort créé dès le plus jeune âge qu’on semble ne jamais s’en souvenir la provenance, le début. Ils avaient affrontés ce monde parfois brutal et parfois tendre ensembles depuis leur plus jeune âge, semblaient avoir créé un lien indestructible et surtout intemporel qui résisterait à l’ouvrage du temps en toute condition, même l’été après leur bac n’engendra point de doute quand l’un préférait rester dans son petit village pour y travailler alors que l’autre avait décidé de partir pour vivre la passionnante vie d’étudiant à l’université de Castres. Ils en profitèrent tout de même faisant la fête, parfois avec modération, parfois sans juste à deux, et le plus souvent avec leur petite bande de potes. Le lac était l’endroit idéal pour pouvoir se faire un petit barbecue et boire en chantant sans déranger personne, même la petite commune y organisait quelques petites manifestations pour que les Falloises et Fallois puissent faire la fête ensemble à l’arrivée des beaux jours. Aucun d’eux ne sembla soupçonner les effets néfastes de la distance et d’un tel changement de vie. Quand le travail sonna pour l’un, à Tarnac, pour y vivre la dure vie d’ouvrier, le temps qui passe inlassablement à une vitesse jamais imaginée auparavant, l’autre vécu la grande vie à la faculté, dans son petit studio à Castres, pour y faire une école d’ingénieurs, avec les nouveaux amis, les soirées et tout ce qui accompagne un tel changement de vie. D’abord il remontait tous les week end voir sa famille et son ami, puis finalement la route était longue et il du se résigner à ne monter qu’un week end sur deux. Le premier été après ce changement, celui qui devait annoncer des retrouvailles pour les trois petits mois qu’il comptait fut le premier signe, l’un continuait de travaillait et n’avait que moins de tant à accorder à son ami, ce dernier passa donc davantage de temps avec sa famille et, poussé par une solitude qu’il ne s’expliquait pas, retourna quelques temps à Castres, où le soleil et ses amis fais durant l’année l’attendaient. Ainsi commença la seconde année, sous le signe de la lente et latente séparation qui se faisait petit à petit sans qu’aucun d’eux ne s’en rende réellement compte. Une deuxième année durant laquelle remonter chez soi tous les mois suffisait, voir même tous les deux mois, sans prendre le temps de se voir plus d’une petite heure autours d’un verre durant ces moments qui deviendraient pourtant si importants pour leurs mémoires. Un jour, sans qu’aucun d’eux ne s’en soit rendu compte, ils ne s’étaient pas vu depuis un an et demi, le temps leur avait semblé passé si vite que tous deux avaient perdu la notion de leur séparation, tous deux avaient vécu et subi la vie que leurs choix leur avaient imposé ou proposé, ils avaient alors inconsciemment accepté que cette vie, cette amitié appartenaient au passé et que, même si ce temps ensemble les avait forgé à devenir ce qu’ils étaient aujourd’hui, forcer une amitié qui avait été mis plus ou moins en pause le temps de plusieurs années semblait puéril. Aujourd’hui, le premier avait continué son travail à Tarnac et vivait à Faux-la-Montagne, le second, tombé amoureux de Castres et d’une camarade devenue sa fiancée, était resté vivre dans cette petite ville du Sud, devenu ingénieur, sa maison prenait lentement forme à Noailhac, une petite commune voisine plus tranquille et moins chère. Quelle n’avait pas été sa surprise de recevoir un jour sur son téléphone portable un message de son vieil ami lui proposant des retrouvailles. C’est ainsi qu’aujourd’hui il attendait, seul, sous l’arrêt de bus de leur enfance, son ami, il ne savait à quoi s’attendre, ne savait qui il allait retrouver, la seule chose dont il ne doutait pas c’est qu’un nombre innombrable de changements allaient lui sauter aux yeux et que jamais ils ne retrouveraient réellement l’amitié qui, enfants, les avaient lié jusqu’à la fin.
JOUR DE FOIRE
Rendez-vous à l’arrêt de bus…
Le texto de FOUINE, s’afficha sur mon portable, donnant le coup d’envoi de l’opération SPERANTO. L’action, enfin, pour marquer le début du déconfinement !
Fred LEFOIN, méritait bien son surnom car il n’avait pas son pareil pour dégotter et organiser les bons coups. Il nous avait époustouflés avec sa méthode RAE (Réunion-Action-Extraction). Les points de suspension correspondaient aux moments-clefs d’une opération bien organisée. L’absence d’un point signifiait problème, donc annulation…
Evidemment, parfois ça foirait. Notre chauffeur et minuteur, Robert ZINA dit BÉRÉZINA, gaffeur patenté, était un vrai porte-poisse ! Ainsi, avait-on trouvé fermée l’agence postale car il avait mal compris le changement d’heure. Pourtant son QI, quoique modeste, dépassait largement celui d’Hugo RIEUX, notre force de frappe, une montagne de muscles, armé comme un cuirassé. Pouvait-on demander à GORILLE de la réflexion ? Il appliquait les consignes à la lettre, comme obliger les gens à se coucher à terre sous la contrainte de son gros calibre. Ainsi au début du confinement il avait fait s’allonger sur le trottoir devant la banque le vigile et ceux qui attendaient leur tour selon les consignes de distanciation… Pour éviter d’attirer l’attention, FOUINE avait tout annulé. Quant à moi, Diego VARETZ, alias CHAUVE-SOURIS (étant donné ma calvitie et mes plaisanteries faciles), j’étais le quatrième de la bande que les malfrats du quartier, des jaloux certainement, surnommaient l’Équipe des Bras Cassés … Allez savoir pourquoi !
Mon rôle, plus modeste, se limitait à l’intendance. Chargé des accessoires, je récupérais le butin, s’il y en avait. J’avoue avoir gaffé au début du confinement quand une patrouille de police nous arrêta à proximité de l’établissement SAMPEZ, jugeant fantaisistes nos cagoules noires, les attestations de déplacements dérogatoires et les pseudos que j’y avais inscrits. J’aurais dû cocher des motifs plus crédibles : comment justifier ladite banque comme lieu d’exercice d’activité professionnelle de FOUINE, nommer GORILLE garde d’enfants, qualifier BÉRÉZINA d’amoureux transi, atteint, pour l’épouse dont il ignorait le nom, d’une affection de longue durée ? Les cognes refusèrent même d’admettre que je devais impérativement subvenir aux besoins de mon poisson rouge…
Je partis aussitôt, arborant des chaussures impeccablement cirées. Les gens à plat ventre sur l’ordre de GORILLE les remarqueraient infailliblement. L’indice parfait pour m’identifier, sauf si je les salissais après coup. Astucieux non ?
Chacun était au rendez-vous.
BÉRÉZINA confirma avoir garé la fourgonnette derrière la banque puisqu’il devait nous extraire discrètement par les ruelles de la vieille ville.
J’appréciai l’obligation d’être masqué dans le bus ! Les lunettes et la casquette nous rendaient méconnaissables. Malheureusement GORILLE qui avait mis son masque à l’envers dut le repositionner … Bonjour l’incognito…
Comme prévu, nous descendîmes à l’arrêt DULUC avant de gagner l’établissement bancaire, BÉRÉZINA contournant le pâté de maisons pour rejoindre le véhicule. J’évoquai le speech de présentation de FOUINE qui nous avait détaillé les avantages de SPERANTO : dépôts à toute heure, personnel disponible et courtois, possibilité instantanée de gains importants… Avant d’entrer, je constatai que FOUINE, un peu dyslexique, avait mal déchiffré le nom de la banque SPERMATO. Cela me parut bien anodin.
À peine avions-nous franchi le seuil, qu’une accorte hôtesse aux formes généreuses se précipita :
— C’est pour un dépôt ?
— Non un retrait !
— Ah je vois, fit-elle avec un sourire de connivence, adeptes du coïtus interruptus ?
— Du quoi ? grommela GORILLE, vous raillez mon calibre ? Vous voulez que je l’agite sous vos yeux ?
— Monsieur, balbutia-t-elle, vous me faites rougir…
— Contentez-vous de vous allonger par terre
— Vous allez vite en besogne et…
FOUINE intervint :
— Assez ! On vient cambrioler votre banque… Le coffre, vite !
Cela déclencha l’hilarité générale : le personnel plié en deux se roulait littéralement par terre devant GORILLE décontenancé.
Entre deux hoquets le directeur réussit à articuler :
— Nous sommes bien une banque, mais … du sperme, pas de liquidités ici, du moins pas comme vous l’entendez !
Imperturbable, notre chef se fit ouvrir le coffre lequel contenait une mallette métallique que je récupérai.
On s’éclipsa aussitôt pour rejoindre le véhicule mais GORILLE suspicieux empocha le gel pour désinfecter son arme.
BÉRÉZINA accourut vers nous, catastrophé.
— Impossible de circuler, ça foire, une invasion…
— Comment ?
— Oui la foire annuelle, je l’avais oublié : des stands partout, impossible d’avancer dans la vieille ville, sauf à pied…
Notre troupe s’égailla tandis que retentissait l’alarme.
Bien que mauvais en math je résolus involontairement la quadrature du cercle. J’atteignis au galop le boulevard, enfilai la première rue à droite, tournai du même côté, recommençai à la suivante enfin virai à droite retrouvant l’avenue au moment où les poulets débarquaient devant la banque. J’avais tourné en rond…
Épuisé, je m’affalai sur un banc heureusement désert.
J’achevais de salir mes chaussures quand deux policiers s’approchèrent l’œil en alerte, lorgnant mes pieds poussiéreux.
Je me dressai, récupérant au passage le carton fixé au banc.
— Monsieur ? Votre pardessus… !
— J’ai vu, hélas, trop tard…
Je brandis l’inscription : « peinture fraiche ».
Obnubilés par les zébrures vertes les flics ne remarquèrent pas mon bagage.
J’en profitai pour les planter là…
Chez moi j’ai ouvert la mallette. Pas d’argent mais deux carnets, un blanc, un noir… Des noms dont certains très connus, des dates, d’importantes sommes…Je subodore blanchiment d’argent, loteries truquées, affaires louches… Nous risquons d’être pris sous les feux croisés des personnalités qui souhaitent rester anonymes et des pontes de la mafia dont nous venons d’éventer le trafic…
Faut prévenir les copains, inutile de moisir ici ! Je saisis illico le téléphone…
En bas, une voiture noire et deux gros cubes viennent de s’arrêter. Des pas ébranlent lourdement l’escalier. Arrêt sur le palier. Coups violents à la porte… Va falloir donner le change !
« Papa est sorti… »
Les pas s’écartent.
Ouf ! Ma voix suraigüe, étranglée d’émotion, les a dupés. Les idiots, s’ils savaient que je n’ai pas d’enfant…
Grand fracas. La porte vole en éclats…
Maman !
Rendez-vous à l’arrêt de bus …
Tels sont les mots que j’entrevois au travers du verre de la bouteille flottant à la surface de la mer.
Il semble que la suite soit au dos. J’ouvre la bouteille, en retire délicatement le feuillet, sorte de parchemin beige, sur lequel sont couchés quelques mots, déposés d’une écriture manuscrite très soignée.
La suite n’est qu’une succession de chiffres, non tous lisibles. Mais qu’est ce que cela signifie ?
Pourquoi prendre rendez-vous par bouteille à la mer, tel un S.O.S ?
Ma paisible promenade sur la grève se trouve dérangée par les questions qui découlent de ce message.
Je remets le message dans la bouteille et observe plus attentivement celle-ci : Elle ne paraît pas usagée, le bouchon est encore en bon état, quant au message, l’écriture n’est ni passée ni ternie. Ce message est récent.
J’observe les alentours. Il est tôt, peu de monde sur la plage, encore moins sur la route qui la longe. Quelques joggeurs, quelques couples d’anciens, faisant leurs promenades matinales. Et moi, arrêtée la, avec cette bouteille dans la main. Ne sachant qu’en faire. Pourquoi m’interpelle-t-elle ? Ce n’est qu’une bouteille après tout. Jetons la et continuons notre paisible balade.
Mais non, mon for intérieur ne me laisse pas en paix, je me prends au jeu et cherche.
Cherche quoi ? Je ne le sais pas.
A chaque extrémité de cette route j’aperçois alors un arrêt de bus. Serait-ce si simple ? Lequel choisir ? Les chiffres du message ne m’aident pas, je ne sais ni les décoder ni les interpréter.
Vue la direction du vent cette nuit, j’opte pour l’arrêt au sud de la plage, côté de la baie duquel la bouteille est le plus proche.
Non loin de là, un homme, d’aspect rêveur, les yeux vers l’horizon, semble avoir l’esprit ailleurs.
J’approche de l’arrêt. Rien de spécial. De la publicité. Un banc recouvert de graffitis. Des horaires. Des lignes de bus.
Je relis le message ! Quelle n’est pas ma stupéfaction de voir que les deux premiers chiffres correspondent au numéro de l’arrêt, les deux suivants à la ligne de bus, quant aux quatre suivants ils semblent représenter un horaire : 09:25. Dans 3 minutes .
Que va-t-il se passer à 09:25 ? Suis-je dans un rêve ? Etait-ce bien l’énigme de ce message ?
A l’adresse de qui ?
09:23 : l’homme rêveur qui était assis pas loin, se lève. Il s’approche, vient à l’arrêt.
- Bonjour Monsieur, Beau temps aujourd’hui, dis-je.
- Bonjour Ydil .
Je le regarde, interloquée. D’où connaît-il mon prénom ? J’en reste sans voix.
- Ainsi vous êtes venue, sans l’ombre d’une hésitation, votre curiosité et votre perspicacité vous ont amenée jusqu’ici, tel que je le supposais , continue-t-il.
Je reste abasourdie. Je le regarde, il est beau, simple, sans chichi, le ton posé. Son visage ne me paraît plus inconnu.
- Que voulez-vous dire ? Ce message , cette bouteille …
- Oui Ydil, cette bouteille et le message qu’il referme vous sont adressés.
- Mais, qu’est ce que cela ….
- Cela signifie que j’ai cherché un moyen original de vous demander votre main. Si nous prenons le bus de 09:25 nous serons à 09:50 à la mairie juste à temps.
- Mais …..
- Nous nous sommes rencontrés fortuitement il y a quelques jours sur
cette même plage, vous marchiez tranquillement, nous avons échangés
quelques mots. Depuis ce jour, votre visage reste gravé en ma
mémoire, votre voix reste comme une chanson contre mes tympans. Je
vous aime. Voulez vous m’épouser Ydil ?
Rendez-vous à l’arrêt de bus…
La routine. Chaque jour, à la même heure, le même projet : Partager un voyage comme une transition vers la fin d’une journée… Retourner dans nos cases, retourner dans nos villes.
Nos villes…
Leurs lieux communs, leurs rues aux centres commerciaux bondés, leurs transports, leurs murs… Opaques et sourds. On rejoint le groupe d’inconnus sous l’aubette, foule anonyme à l’abonnement solide pour un aller-retour quotidien d’un point A vers un point B puis, la journée finie, d’un point B vers un point A…
Je rêve.
Je pars avant d’embarquer.
Sortir de la ville, immobile, à braver le temps dans un groupe qui ne pourra pas me suivre…
Sang d’encre…
A la route qui défile, comme un ruban de caisse, quelques arbres en fleurs, des étals de fruits mûrs au soleil prononcé, les foules de touristes qui s’entassent aux bords des rivières, la tente, la caravane, le piquet planté à l’ombre des saules…
Toutes ces fragrances qui s’exhalent, ces jus qui nous collent les doigts, le sucre gorgé, la peau si douce des pêches, des abricots, l’acide des groseilles qui réveille nos sens avant d’endormir sa musique, au fond des cagettes trop lourdes…
Cette promesse tenue d’un été bien trop chaud, qui enfile nos maillots et fait claquer nos fanions, la cigale muette qui attend un peu, que le vent se lève enfin, pour que les touristes, sur le départ, rendent la place encore chaude, à ces mondes entre parenthèses le temps des vacances, d’une éclaboussure, d’une bombe d’eau, d’une cascade légère…
L’ombelle, la capitule, la corolle, toutes aux ports érigés, aux parfumes marqués, couleurs vives qui s’échinent à vouloir demeurer ici, sans jamais voir autre chose, que le biotope quotidien de leurs rochers, leurs vallées, leurs univers…
- Et toi ? tu vas où en vacances ?
- Moi ? Tu ne devineras jamais !
- Grèce ? Turquie ? Amériques ? Afrique ?
- Non. Cette année, comme l’an passé, mes vacances je les passe au jardin.
- Au jardin ? Quelle idée !!
- Peut-être, mais pas n’importe quel jardin…
- Ah. Le jardin d’un château ?
- Non plus. Cette année comme l’an passé, je serais dans MON jardin.
Les foules se demandent toujours comment se démarquer, comment se mettre en avant.
Qui va en voyage au milieu de nulle part ? Qui part pour les îles. Pour une plage déserte, un désert romantique…
Moi, c’est au milieu de mes serres, de mes termes botaniques, de mes devinettes végétales, à coté de mes arrosoirs, de mes composts…
A sarcler, biner, griffer, "greliner" parfois. A semer, désherber, repiquer, arroser… Moi c’est au milieu de mes fleurs, de mes fruits de mes légumes. A l’ombre de mes fruitiers avec le vent dans les feuilles et la rosée des matins.
Mon flux et mon reflux, mon ressac, ma lame de fond, à la terre fertile d’un endroit connu de tous mes auxiliaires et de personne d’autre.
- Vous montez ?
- Hein ?!
- Je vois que vous rêviez, vous montez ou pas ?
Le bus était là.
Il fallait fermer le portillon de ce monde si riche, de ce doux rêve passé et rejoindre une fois de plus, mon « chez moi », ma maison en façade et ma villégiature dans le fond.
Oui moi, quand je prends le bus, le soir, c’est pour repartir en vacances, tous les jours, dans mon grand jardin et me couper du monde...
Sans jamais manquer de rien...
Rassurez-vous, je reviendrais quand même, vous raconter la suite...
Demain peut-être...
Avant que le bus n'arrive encore...